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mardi, décembre 19, 2006

Planet Aids "Apokalyptik AIDS"

















Style : Funeral Doom/Drone/Industrial/Noise
MCD Limited to 500 copies.

Released on vinyl in 2006.
1. Apokalyptik AIDS 28:08
Total playing time 28:08

Composé de membres de Bunkur et du groupe de black metal Fluisterwoud, "Planet Aids" nous entraine dans un maelstrom malsain et définitivement sombre duquel vous ne sortirez pas indemne. C'est lent, c'est froid et les cris scandés pratiquement tout au long du titre ajoute une touche supplémentaire à l'ambiance cauchemardesque.

Northaunt "Horizons"














2006 Cyclic Law
Style : drone ambient landscapes

Tracklisting :
1/Until dawn do us part
2/Night came to us
3/Horizons
4/The autumn sky
5/Night alone
6/With the stars as witness
7/The wilderness

Dès Until Dawn Do Us Part qui a le mérite de poser l’ambiance, Northaunt délivre à l’auditeur son chemin métaphysique jusqu’à l’embrassement de la nature. Ne pas vivre à côté d’elle, en dehors d’elle ou grâce à elle mais dans ses entrailles, dans sa pureté hyperboréale. Toujours cette Lumière du Nord que spiritualise le froid.

Northaunt après un Barren Land de toute beauté revient ici à une ascension polaire beaucoup plus épurée comme le traduit bien son clip The Wilderness. Celui-ci rappelle d’ailleurs étrangement le film expérimental Gerry de Gus Van Sant dont la B.O était le cultissime (pour les férus de classique contemporain) Tabula Rasa d’Arvo Part.

On navigue durant cette heure ambiante dans les mêmes horizons métaphysiques. L’homme ne semble plus exister face à la nature. Elle est tout du moins son Altérité radicale. Le norvégien coule tout au long de son œuvre des nappes drone qui corpéreisent la nature. Au détour de celles-ci, il place des boucles en forme de fines incursions mélodiques souvent surprenantes dont on croirait qu’elles sont des bruissements de… nuages. Ce Horizons fait entendre le ciel sous une autre forme donc, sous d’autres atours plus mystérieux.

Il est heuristique de relever que le dark ambient comme celui de ce norvégien rappelle toujours l’individuation jungienne et les processus psychanalytiques organiques. Par l’épuration musicale on interroge l’âme en faisant le vide autour d’elle…Reste à savoir si elle va répondre…Le dernier Raison d’Etre en appelle aussi à une recentrement organique mais avec des éléments industriels et rêches alors que Horizons balade l’auditeur dans des régions stratosphériques mais plus mélodieuses.

Comme toujours, l’écoute peut être soit dégagée ou alors minitieuse et attentive tout comme le professait l’inventeur Brian Eno. En l’occurrence, voilà une musique de relaxation sensible à écouter au casque blottit dans sa couche. On préferera cependant à ce drone délicat, Barren Land plus fouillé et travaillé car il maintient plus l’attention. Northaunt reste pour beaucoup une formation majeure du dark ambient au côté des Raison d’Etre, Lustmord, Kammarheit, Megaptera, Sephiroth mais dans un registre bien particulier, plus « environnemental » en définitive.
Une musicothérapie en somme.

Chronique : www.obskure.com

lundi, décembre 11, 2006

Sunn 0))) et Boris "Altar"














2006 : Southern Lord
Site web : www.southernlord.com

Tracklisting :
1. Etna
2. N.L.T.
3. Sinking Belle
4. Akuma Kuma
5. Fried Eagle Mind
6. Blood Swamp

Il fallait que ça arrive. Jusqu’au-boutistes patentés, les Sunn O))) ont fini par céder. En s’alliant avec les Japonais Boris, mais aussi avec Earth, ils mettent fin pour un temps à ce que leur musique avait de plus extrême. Certes « Etna » est toujours lent, massif, ses dissonances vibratoires en font un pur morceau de doom, sa longueur (plus de neuf minutes) éreintera toujours les plus faibles auditeurs… Toutefois, la batterie très volubile, à la limite du solo technique, fait de ce ring un spectacle « abordable ». Machine arrière à l’époque des Grimm Robe Demos, quand on pouvait nommer ce qu’on écoutait. Guitares en notes lead tenues, couvrant de vociférations noires une mélodie de trois notes graves. Tempête hivernale sur le Mont-Chauve. « Blood Swamp » et sa batterie en arrière, plus psyche (faite d’échos de cymbales hallucinantes) abat aussi la carte du doom, mais l’immersion est facilitée par une intro de quatre minutes, des notes légères servant de bulles d’oxygène pour situer encore et toujours la surface, remercions en cela l’apport de l’ex-guitariste de Soundgarden, Kim Thayil. En eaux troubles, Sunn O))) sort des cavernes telluriques, quitte les profondeurs abyssales d’un « White 2 » ou du « Black One ».
Comprenons-nous : je ne remets pas en cause les qualités de ce disque. Les souffles quasi tibétains des percussions de « N.L.T. » emmènent vers plus d’exotisme fantomatique que « Decay2 Nihil’s maw » sur « White 2 ». Le morceau (oui, un morceau !) « Sinking Belle » conduit vers une folk étouffée et sombre, aquatique, morte, angoissante et belle à la fois. Plus tard, « Fried Eagle Mind » joue aussi du cristallin mélancolique de la voix et de la guitare pour creuser de nouvelles routes à échos avant de s’arrêter sur un bas-côté torturé. « Akuma Kuma » marie la lenteur synthétique à la voix au vocoder de Joe Preston avec toujours une batterie très présente, en témoin peut-être trop envahissant de ces noces trop propres : ces sons existaient en filigrane de certains titres de la BO de « Clockwork Orange ». On s’amuse bien plus quand les cors de chasse (Celtic Frost ? Satyricon ?) viennent à leur tour noyer dans l’épique un rien crasse la cérémonie. C’est quand la colle déborde du collage et englue les doigts que Sunn O))) est plaisant. Mais, ça il m’aura fallu du temps pour l’admettre. Relisant ce que j’écrivais alors sur « White 2 », je constate à quel point leur œuvre pouvait être repoussante. Soit je me suis habitué, soit Sunn O))) entre dans une nouvelle phase. La communication au peuple.
Je laisse ainsi le soin au groupe de fonder une famille (ce qui était déjà fait au vu des featurings précédents) et d’évoluer encore et toujours. Je regrette simplement de voir une recherche sonore inédite s’insérer dans des marques plus convenues. L’auditeur survit à « Altar ». Raison supplémentaire sans doute de recommander ce disque en tant que découverte du groupe. Raison supplémentaire de conseiller son achat et d’espérer qu’il touchera plus de monde.

Chronique : www.obskure.com

Halo "Degree Zero of Implosion"












tracklist
1. Constriction
2. Contortion
3. Suspension
4. Manipulation
5. Deprivation
6. Suffocation
7. Immolation

2000 chez Embryo Recordings

HALO:

Skye Klein: Bass, Voices
Robert Allen: Drums

HALO website:

http://www.halo.antisound.net

Il existe des albums qui marquent. Pas nécessairement des disques qui resteront dans le panthéon de la musique mais des objets qui marquent votre encéphale à tout jamais de par leurs atmosphères… « Degree Zero Point of Implosion » fait partie de ceux-la. Un disque qui tétanise, met votre âme en branle et vous donne une sensation amère qui vous fait perdre tout repère. Le groupe australien a toujours montré une certaine attirance pour des styles peu connus, souvent expérimentaux, souvent jugés trop hâtivement pour les fusionner et donner l’une des émanations des plus viscérales et malsaines. Autant dire que cet album ne fait pas dans la dentelle des atmosphères. En cela, les premières secondes donnent à l’instant même une saveur acre dans la bouche.

Trituration jusqu’au-boutisme de discordances infra-soniques et d’écorchages indus, Halo a le chic pour poser les ambiances les plus lacérées qui soient. De plus, le fait de monter le son de sa chaîne rajoute à l’immersion sordide et insalubre que procure le disque placé sous le signe de la torture. Regardez seulement le nom des titres, chacun se rapporte à une action, une sensation meurtrière qui met à mal le corps, faisant perdre la dignité de l’individu. La douleur est le maître mot de ce disque. « Degree Zero Point of Implosion » passe en revue ce que l’on peut faire de pire pour assouvir ses pulsions tourmentées. Et lorsqu’on passe ce disque on en ressent toutes les conséquences qui prennent littéralement aux boyaux.

Jamais trop long (quarante minutes) le disque nous fait ressentir un flux hybride de sonorités sludge et doom craspec avec un indus acéré et agressif. Tempo abstrait, mou proche de l’inertie, ligne de guitare déstructurée et tortueuse sur des nappes d’indus tranchantes et « noise » comme des lames de rasoir, écouter ce disque c’est comme se passer une perceuse sur une dent. Ca crisse, ça blesse, ça charcle bref, ça défigure n’importe quelle structure. Chaque titre est une incarnation en soi de la douleur. Des titres qui ne nous laissent pas indemne soutenus par une voix torturée au maximum, délaissant par là certaines intonations rauques pour plus se concentrer sur une voix étouffée voire asphyxiée (mais par là, terriblement plus humaine).

« Peut-être » moins facile d’accroche que les précédents disques du combo (mais je sens que certains déviants vont raffoler de ce disque) « Degree Zero Point of Implosion » est au moins une pièce qui dépasse un stade dans le chaos. Plus qu’un disque c’est une expérience de l’effondrement de la chair que l’on subit, donnant la nette impression d’entendre un Khanate boosté à l’indus-noise pour un résultant proprement tétanisant… mais c’est aussi et avant tout un album de sludge-doom monstrueux de maîtrise qui n’exclut pas l’expérimentation de sa forme pour accoucher d’objets si difformes et suffocants.

Chronique : www.spirit-of-metal.com