John 3:16, un pseudo énigmatique, un homme qui se dissimule complètement derrière et dont on ne saura rien. Un projet solo, expérimental, mêlant ambient électronique, drone, atmosphère cinégénique et soundscapes brumeux. En 2007, la musique du John 3:16 apparaît pour la première fois sur support CD à l'occasion de la sortie d'un sampler du fanzine Times of Grace (regroupant notamment Heat from a DeadStar, Partners in Crime et Toner Low). La même année, sort un premier effort éponyme enregistré à Londres et sorti via les label Alrealon Music et White Label Music. Après une deuxième apparition sur un sampler made in Times of Grace (aux côté d'Aguirre et Xnoybis cette fois), John 3:16 sort en 2008 un nouvel opus : The Solemn truth.
Sept titres, 43 minutes d'un voyage expérimental, d'une transe narcoleptique qui emmène l'auditeur aux confins d'un univers ambient drone hypnotique aux frontières mouvantes. Une musique en perpétuelle évolution, sculptée patiemment par un maître d'oeuvre qui sait parfaitement ce qu'il fait et où il veut aller. Une oeuvre qui s'interroge d'elle-même sur ses propres aspirations, "Who am I", afin de mieux cerner ses ambitions artistiques. Un véritable trip noctambule, cinégénique et lunaire, un peu comme si Fear Falls Burning rencontrait My Bloody Valentine au détour d'une ruelle sombre, et n'emmène l'auditeur sur un sentier plus escarpé ("The price of redemption") afin de purifier son âme ("The Marks of sin") et de s'engager sur le chemin de l'absolution ("Eternal life"). Quelque part entre le projet Final de Justin Broadrick, Monno et Morkobot, John 3:16 nous fait vivre une expérience sensorielle placée sous le sceau métaphorique de la croyance divine. Bien éloignée de toute musique religieuse, l'oeuvre ici décryptée fait clairement écho à l'un des versets de la Bible les plus connus ; "Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle." Jean 3:16 ; et s'il faut faire un véritable effort de concentration pour s'immerger dans ce premier essai long-format, très expérimental et de fait assez underground, le périple musical est étonnant. Inspiré par l'imaginaire religieux, John 3:16 met en doute nos convictions musicales en empruntant à l'ambient rituel, à l'indus drone et aux soundscapes captivant pour produire une véritable mixture auditive qui insémine des images et des sensations ambiguës dans notre esprit. Questionnement, doute, fascination, rejet, "Whosoever believeth" part de l'ombre pour nous guider vers la lumière, des ténèbres vers le ciel. Doom cataleptique, ambient aux contours effacés, délire bruitiste ("Shall not perish", "... Justice served"), John 3:16 livre avec cet opus, une oeuvre étrange et troublante. Agnostique aporétique, athéiste convaincu ou simple croyant, la ferveur religieuse n'est ici qu'une (vague) métaphore destinée à faire découvrir un univers musical brumeux et qui nécessite une véritable curiosité intellectuelle pour l'appréhender. S'arrachant à ce voeu pieux, on se libère de toute retenue, on s'échappant de tout scepticisme pour admirer ces panoramas sonores dévoilés par un John 3:16 qui affiche ici une véritable personnalité artistique.
Source : www.w-fenec.org