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samedi, janvier 02, 2010

AETHENOR - "Deep in ocean sunk the lamp of light"



















Première édition : 2006

Label : VHF (1 x Cd)

Avec :
Daniel O'Sullivan : Fender Rhodes electric piano, percussion, room
Vincent De Roguin : Audio processing, voice, organ, minimoog, room
Stephen O'Malley : Guitar, contact microphones, electronics, room

Bon, écoutez, je vous en parle parce qu’il y a du beau monde sur ce disque, enfin, du moins, du monde qui pourrait nous intéresser, enfin, disons, qui aurait pu nous intéresser il y a trois ans, parce que là on commence à s’en foutre sévèrement. Aethenor est donc un projet probablement torché en quelques heures dans une aire de transit d’aéroport par SOMA, Vincent de Shora et Daniel O’Sullivan de Guapo (inconnu au bataillon en ce qui me concerne, je le concède volontiers).

Complètement ambient, le merdier en question se révèle être un collage contemplatif, voire méditatif, d’ambiances éthérées au son carrément pénétrant. Rien à redire, le son cristallin du disque fait son petit effet, et vous y serez, dans cette grotte humide dont vous suivrez le cours en espérant sincèrement débarquer dans un château écossais laissé aux mains des fantômes cybernétiques d’un âge où les femmes étaient belles et le vin capiteux. Voilà tout.

Comme le dirait mon disquaire, « il s’en passe, des choses »… Effectivement, on s’ennuie passablement, la faute non pas, pour une fois, à un minimalisme excessif, mais plutôt à une espèce d’entredeux boiteux entre un côté noisy quasi-tendu, des ambiances nocturnes inabouties et une angoisse qui nécessite trop d’auto persuasion pour esquisser un frisson. Pas vraiment beau, pas vraiment flippant, pas vraiment désagréable, Aethenor n’était pas vraiment indispensable. Ceci dit c’est un bel objet, aussi plaisant à vrai dire que le moment où votre seul pote part pisser et que vous devez faire la conversation avec de fâcheux ivrognes se racontant leurs dernières vacances communautaires dans une quelconque capitale d’Europe de l’Est dont la bière bon marché fait tout l'attrait culturel.

Source : http://www.slowend.com

GNAW - this face


















conspiracy records - 2009

1. haven vault
2. vacant
3. talking mirrors
4. feelers
5. backyard frontier
6. watcher
7. ghosted
8. shard
9. BYF (reprise)

À cette question, déjà banale en soi, et de surcroît très galvaudée, de savoir, s'il ne devait y en avoir qu'un, quel disque on emporterait dans une chambre de torture, les réponses apportées restent souvent conventionnelles. Les uns abusent du second degré et trichent en citant une intégrale solo de Frank Black. Les autres évoquent d'un air plissé Le Pierrot lunaire de Schönberg chanté par Marianne Pousseur. Or, si l'on veut bien être sérieux un instant, l'on se doit d'admettre qu'il est impossible d'écouter Le Pierrot lunaire proprement tandis que l'on se fait, par exemple, cisailler la rotule avec une pince à métaux, et que jamais personne ne tiendrait le coup face à une intégrale Frank Black. Heureusement (malheureusement), il y a Gnaw. « Chaque fois que j'écoute This Face, j'ai envie d'éventrer Sharon Tate. », taquinait Charles Manson dans une interview récente pour le magazine GQ.

Il convient néanmoins de préciser que Gnaw n'est pas un groupe décoratif et ne fournit pas de musique d'ameublement pour les étudiants américains qui voudraient épicer de gore leur prochain Halloween. Gnaw est un groupe de musique expérimentale, radicale, entêtante, rude, décidée et tranchée. Gnaw commence là où Jean-Sébastien Bach écrit du dark métal. Précis, mathématique, implacable, savamment équilibré. Gnaw ajoute la science à l'horreur, la technique aux vagissements. Si l'idée est plus parlante, on indiquera que Gnaw joue le rôle que Sonic Youth a joué pour d'autres musiques : radicalisation, intensification, complication, brutalisation.

À la crête du grouillement, mi guitare, mi arc-à-souder, un bouillonnement de sonorités électroniques irise ses couleurs fraîches. Lorsque la lourde vague du grouillement se retire, ne reste que ce bouillonnement, proche d'une rythmique à la Steve Reich, dans un décor de crypte (Haven vault, introductif de haut vol). L'électronique est un dispositif essentiel du son Gnaw, y introduisant peu de dissonances, mais un design sonore multi-couche d'une grande richesse, avec beaucoup de perturbations, de fusés, avant d'aboutir aux nappes de bruit blanc attendues. Ghosted est sur ce plan exemplaire : derrière la grappe sonore musculeuse, de discrets arpèges de guitare acoustique doublés de violon se noient atrocement, puis insensiblement le mixage inverse les masses, pour étouffer les hurlements et céder la place au modeste duet. Le délicat moment pour perceuse électrique qui consiste à vriller le tympan sans endommager irrémédiablement le cerveau sera ingénieusement accompagné par les hurlements de Feelers, tant c'est avec reconnaissance que l'on y deviendra sourd. La voix de Alan Dubin (ex Khanate) gratte les murs, accroche ses ongles, est aspirée, brouillée vers des graves de cul de basse-fosse ; elle assure à elle seule une bonne part de la masse sonore. Gnaw oscille entre des approches dark métal industriel expérimental, avec pulsion de batterie, fracas de cymbales, mélopées zombies passées par un filtre monté sur un hachoir à viande (Vacant), et des prises plus near death experience qui, privées des frappes lourdes, restent étrangement flottantes (Haven vault), coincées dans un fauteuil de paralytique devant la scie sauteuse diront les esprits chafouins.

Certes, Gnaw n'est pas confortable à écouter. Mais est-ce pour le confort que l'on brise un nez avec des tenailles, que l'on tranche un orteil au sécateur, que l'on enfonce une lame de cutter sous les ongles ? Non ? Hé bien, voilà, c'est qu'on cherche autre chose. Et avec Gnaw, on a incontestablement trouvé une solution pour passer le mur des apparences, la première impression massive écrasante, et accéder à un niveau de conscience du surréel, passage qui ravira les amateurs de l'extrême et les mélomanes ouverts d'esprit.

Source : http://www.mille-feuille.fr/

vendredi, janvier 01, 2010

FEAR FALLS BURNING - frenzy of the absolute

















CD digipack
conspiracy records - 2008

1. Frenzy Of The Absolute
2. He Contemplates
3. We Took The Deafening Murmer Down

Né en Belgique, Fear Falls Burning est l'initiative d'un seul homme bien décidé à apposer profondément sa pierre à l'édifice des musiques atmosphériques lorgnant vers le drone (Sunn O))), Hyatari). Usant principalement de la guitare à travers distorsions et effets, Fear Falls Burning tente d'élever un mur sonore captivant sans laisser pour compte une harmonie reposant sur des atmosphères et des textures chaudes. Depuis 2005, Fear Falls Burning explore de façon boulimique de multiples sentiers à travers de nombreuses collaborations (Steve Von Till, Nadja ...) et prestations scéniques. Fin 2006, Fear Falls Burning signe chez Conspiracy Records.

Fear Falls Burning n'est pas humain. Fear Falls Burning est une machine. En marche. Inépuisable. Creusant sans cesse les bas fonds des fréquences sonores. Inlassablement, dans sa tâche massive et itérative, quelques bras, acquis corps et âme, viennent lui apporter du souffle. Frenzy Of The Absolute accueille ainsi les percussionnistes Magnus Lindberg (Cult Of Luna), Tim Bertilsson (Switchblade), Dave Vanderplas (Rubbish Heap, Ontayso) et le guitariste Johannes Persson (Cult Of Luna) dans l'espoir d'atteindre les tréfonds des abysses.

Plus que jamais Dirk Serries suscite Patience & Attention. Deux vertus nécessaires à une perception sensorielle globale. Yeux clos, on évoquerait presque la naissance d'un 6ème sens débouchant sur une imagination démultipliée et une intuition aiguisée. Il n'en faut pas moins pour accéder au sésame des contrées brumeuses et inhospitalières de Frenzy Of The Absolute. Car, et ce n'est nullement un reproche, le drone ambient clinique et abyssal de Fear Falls Burning n’a strictement rien d’attirant ni d’impressionnant lors des premiers décollages.

Dirk Serries se refuse à céder aux facilités de la saturation permettant d'élever avec aisance les briques d'un mur acoustique. Vu et revu.
Dirk Serries préfère la distorsion temporelle par l'espacement croissant et/ou décroissant des temporisations. Vu et revu mais usité bien peu de fois à bon escient.

Ici, les textures se boursouflent par effet de réverbération et s'imprègnent d'un climat glacial et industriel incessamment soutenu par des bruits métalliques, acerbes et paranoïaques : bourdonnement, détonation, grincement, bruissement, murmure puis grondement. Fear Falls Burning édifie un asile mental de plomb et d'acier sans échappatoire aucune. A petit feu, Frenzy Of The Absolute fait son œuvre, écaille l'émail des dents par son aridité acide, confine de manière obsessionnelle l'esprit en un point et fige le regard sur le néant. Fear Falls Burning érige un triptyque de presque une heure, épousant les parois d'un boyau menant aux entrailles d'une planète monochromatique, obscure et stérile. On termine noyé dans notre propre liquide lymphatique.

Exigeant, de par son aspect ralenti et itératif, Frenzy Of The Absolute est avant tout destiné aux initiés du genre. Le faible tirage (500 exemplaires en 2xLP déjà out of stock) chez Conspiracy Records en témoigne; reste la version digitale qui profite également du bel artwork signé Martina Verhoeven (photo) et Carl Clover (design).

source : http://www.metalorgie.com

Site officiel : http://www.fearfallsburning.be/

Growing - he soul of the rainbow and the harmony of light


















  • CD digipack
  • kranky records - 2004
  • 1. onement
    2. anaheim II
    3. epochal reminiscence
    4. primitive associations/great mass above
Officiant désormais en duo et avec Rex Ritter à la production (collaborateur de SUNN O))), membre de JESSAMINE puis de FONTANELLE), la formation originaire d'Olympia démarre en effet sa promenade dans un décor monochromatique, quasi statique, pour ensuite suivre les gradients de couleurs et de fréquences sonores, à la découverte de milieux au climat changeant. GROWING s'attache à l'explorer plus que jamais par le drone. Le titre d'ouverture, Onement, signale d'ores et déjà que le groupe n'a rien perdu de sa maîtrise des dégradés soniques : les notes maintenues à l'infini par la guitare, ses oscillations infimes qui se matérialisent ou s'évanouissent sur de longs fadein/fadeout, les rondeurs de la basse qui s'invitent progressivement comme pour mieux étendre le temps, tous ces éléments établissent un ensemble qui révèle immédiatement la forte présence de GROWING. Un disque complet, où la maîtrise technique des effets sert une puissance concentrée, et qui s'appuie sur un parallèle pertinent entre couleurs et sons comme pour mieux attester du caractère évolutif du drone.