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lundi, décembre 11, 2006

Sunn 0))) et Boris "Altar"














2006 : Southern Lord
Site web : www.southernlord.com

Tracklisting :
1. Etna
2. N.L.T.
3. Sinking Belle
4. Akuma Kuma
5. Fried Eagle Mind
6. Blood Swamp

Il fallait que ça arrive. Jusqu’au-boutistes patentés, les Sunn O))) ont fini par céder. En s’alliant avec les Japonais Boris, mais aussi avec Earth, ils mettent fin pour un temps à ce que leur musique avait de plus extrême. Certes « Etna » est toujours lent, massif, ses dissonances vibratoires en font un pur morceau de doom, sa longueur (plus de neuf minutes) éreintera toujours les plus faibles auditeurs… Toutefois, la batterie très volubile, à la limite du solo technique, fait de ce ring un spectacle « abordable ». Machine arrière à l’époque des Grimm Robe Demos, quand on pouvait nommer ce qu’on écoutait. Guitares en notes lead tenues, couvrant de vociférations noires une mélodie de trois notes graves. Tempête hivernale sur le Mont-Chauve. « Blood Swamp » et sa batterie en arrière, plus psyche (faite d’échos de cymbales hallucinantes) abat aussi la carte du doom, mais l’immersion est facilitée par une intro de quatre minutes, des notes légères servant de bulles d’oxygène pour situer encore et toujours la surface, remercions en cela l’apport de l’ex-guitariste de Soundgarden, Kim Thayil. En eaux troubles, Sunn O))) sort des cavernes telluriques, quitte les profondeurs abyssales d’un « White 2 » ou du « Black One ».
Comprenons-nous : je ne remets pas en cause les qualités de ce disque. Les souffles quasi tibétains des percussions de « N.L.T. » emmènent vers plus d’exotisme fantomatique que « Decay2 Nihil’s maw » sur « White 2 ». Le morceau (oui, un morceau !) « Sinking Belle » conduit vers une folk étouffée et sombre, aquatique, morte, angoissante et belle à la fois. Plus tard, « Fried Eagle Mind » joue aussi du cristallin mélancolique de la voix et de la guitare pour creuser de nouvelles routes à échos avant de s’arrêter sur un bas-côté torturé. « Akuma Kuma » marie la lenteur synthétique à la voix au vocoder de Joe Preston avec toujours une batterie très présente, en témoin peut-être trop envahissant de ces noces trop propres : ces sons existaient en filigrane de certains titres de la BO de « Clockwork Orange ». On s’amuse bien plus quand les cors de chasse (Celtic Frost ? Satyricon ?) viennent à leur tour noyer dans l’épique un rien crasse la cérémonie. C’est quand la colle déborde du collage et englue les doigts que Sunn O))) est plaisant. Mais, ça il m’aura fallu du temps pour l’admettre. Relisant ce que j’écrivais alors sur « White 2 », je constate à quel point leur œuvre pouvait être repoussante. Soit je me suis habitué, soit Sunn O))) entre dans une nouvelle phase. La communication au peuple.
Je laisse ainsi le soin au groupe de fonder une famille (ce qui était déjà fait au vu des featurings précédents) et d’évoluer encore et toujours. Je regrette simplement de voir une recherche sonore inédite s’insérer dans des marques plus convenues. L’auditeur survit à « Altar ». Raison supplémentaire sans doute de recommander ce disque en tant que découverte du groupe. Raison supplémentaire de conseiller son achat et d’espérer qu’il touchera plus de monde.

Chronique : www.obskure.com

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est vrai que cette collaboration est plus abordable que la plupart de ce que font ces deux groupes séparément, mais alors quelle claque!